La journée du non-patrimoine

Et si aujourd’hui, justement, c’était le jour où je ne me préoccupais pas de l’accès de tous à la culture, de la conservation et de la transmission du patrimoine, de la médiation et de l’accès du grand public aux œuvres, de la diversité et de la richesse des contenus, de la trouvabilité de l’aiguille dans la botte de foin, de l’usager et de ses usages multiples, de l’élaboration de la connaissance et du savoir, de l’émulation culturelle des communautés, du positionnement de la collection dans l’espace et le temps, de la qualité de la donnée qui fait la qualité de l’expérience utilisateur, de la découverte et de la sérendipité, de l’exception qui rend la règle encore plus magnifique, des siècles qui nous contemplent, du grand, du beau, et de l’ancien.

Aujourd’hui, c’est ma journée du non-patrimoine.

Retour sur Facebook

Après cette courte introduction, je vais essayer de re-bloguer. Il me reste exactement une semaine avant de vous quitter pour des cieux plus radieux, n’emportant dans ma besace que ce qui est nécessaire à ma survie, et une connexion internet n’en fera pas partie. Espérons que je trouve l’énergie d’écrire entre temps les quelques petits billets qui me trottent dans la tête.

D’abord je voudrais vous présenter plus en détail un des coupables de mon absence dans la blogosphère : Facebook. J’avais raconté que j’avais commencé à l’explorer ; en fait, après avoir réussi à convaincre Got d’essayer à son tour, nous nous sommes un peu pris au jeu – au point que le matin, j’ouvrais mon Facebook avant mon Bloglines, c’est dire.

Alors, quoi de si étourdissant dans ce nouveau truc hype ?

Un des trucs vraiment sympas, c’est le principe des "applications". L’interface de Facebook est conçue comme une plateforme, à laquelle on peut ajouter ou enlever des modules indépendants qui servent à faire toutes sortes de choses : gérer un agenda, afficher des fils RSS, chatter, dire ce que vous lisez en ce moment, jouer avec ses amis, et plein de trucs totalement inutiles (la dernière que j’ai installé s’apelle "Beeeeeeeer" et permet de mettre des notes à ses marques de bière préférées.)
Ces modules sont développés par les gens : si vous avez un site Web 2.0, vous aurez peut-être envie de développer une appli Facebook qui permette d’en faire quelque chose dans Facebook (n’importe quoi).
Toutes ces applications sont dotées d’une vie propre : dans Facebook, à chaque fois que vous cliquez quelque part, cela s’affiche dans votre profil, votre page d’accueil, et la page d’accueil de vos amis. Finalement, contrairement à un blog qui a l’air mort dès qu’on ne s’en occupe pas pendant 5 mn (hum), générer de l’activité dans Facebook demande très peu d’énergie, on a l’impression qu’il se passe toujours quelque chose. Le "status" qui vous permet d’écrire ce que vous êtes en train de faire en temps réel est une vraie fonctionnalité inutile et addictive, digne de Twitter.

Du côté des bibliothèques : Facebook par son usage, sa communauté, est un réseau profondément ancré dans un certain milieu, disons culturel et universitaire. Beaucoup d’étudiants, mais plutôt d’un niveau intellectuel élevé, alors que ceux qui sont les couches plus basses de a société vont se tourner plutôt vers MySpace (je ne sais plus où j’ai lu ça).
Comme les étudiants y sont, les profs et les bibliothécaires aussi. De fait, pour nous, ça devient intéressant pour les gens qui le fréquentent : allez je vais jeter quelques noms un peu connus, Gerry McKiernan, Lorcan Dempsey, Roy Tennant, etc. sont dans Facebook.
Ensuite ces gens discutent, occasionnellement de choses qui peuvent nous intéresser comme les bibliothèques 2.0, ce qu’on pourrait faire de bibliothéconomique dans Facebook, le Web sémantique
Certaines bibliothèques se sont lancées et ont développé des applications ; j’en ai installé une qui s’appelle Digital Past et permet d’afficher dans Facebook une image piochée dans la bibliothèque numérique du même nom.
Côté Français, on a quelques groupes orientés bibliothèques dans Facebook, et c’est assez amusant : cela va des lecteurs mécontents de la BnF aux étudiants de Sciences Po qui souhaitent que l’on remplace les lampes de la bibliothèque par des lampes à UV. En passant par une intéressante discussion sur l’intérêt de poser sa carte de bibliothèque sur sa lampe avant d’aller aux toilettes à la BSG (je vous laisse découvrir).

Bien sûr, aucun des liens ci-dessus ne vous mènera nulle part si vous n’avez pas vous-même de compte Facebook : on arrive dans les inconvénients. Le réseau est quand même très fermé et replié sur lui-même : autant on peut faire entrer dans Facebook des choses qui se passent au-dehors, autant l’inverse est impossible.
Ce réseau nous met au coeur des problèmes de l’identité numérique et de son manque d’intimité, puisqu’il joue sur l’affectif (retrouver ses amis de la vraie vie, leur faire passer des infos en temps réel…) Certains pensent que Facebook aura bientôt plus de succès que Google, d’autre le craignent.

Enfin, en ce qui me concerne, je pense que Facebook est un jeu. Un peu comme Second Life, sans l’interface 3D, et avec une meilleure régluation des relations humaines "réelles" projetées dans le numérique, ce qui le rend plus intéressant (de mon humble point de vue). Comme tout jeu, et en particulier tout jeu qui se passe sur le Web, il n’est pas recommandé d’y faire n’importe quoi.

Pour en savoir plus sur Facebook, vous pouvez lire la série de billets de Pisani ou le blog d’Exalead (au milieu de plein d’autres). Si vous vous connectez à Facebook, je suis là.

PS : c’est pas la peine de mettre un commentaire pour dire que j’ai fait une faute dans le titre, c’est fait exprès parce que la dernière fois que j’ai mis un mot hype dans le titre d’un billet, je me suis retrouvée sur la 1e page de résultats de Google et j’ai dû payer des suppléments de bande passante jusqu’à ce que je le change.

A la télé…

Je vais passer à la télé ! Non, je n’ai pas accepté de passer chez Delarue (ceux qui lisent le fil des commentaires comprendront l’allusion) mais je fais une courte apparition, avec mention de mon blog, dans un documentaire qui sera diffusé à 20h40 ce jeudi 8 février sur France 5.

J’engage les amoureux des bibliothèques (en général) patrimoniales (en particulier) à regarder ce très beau film, très poétique comme une balade au hasard dans les rayonnages.

Et merci à Frédéric Laffont de s’être attardé sur mon cas, cela n’a pas été simple ;-)

5 trucs que vous ne savez pas sur moi

Olivier et Thilas m’ayant refilé le bébé à peu près en même temps, je m’y plie ne serait-ce que pour le défi de trouver 5 trucs que je peux révéler sans rompre le fragile équilibre du blog entre sphère publique et sphère privée.

1. Quand j’avais 16 ans, j’étais punk. Pendant cette période essentielle de ma vie, j’ai acquis des savoir-faire appréciés, comme par exemple de dresser une crête avec de la bière et du savon ou encore d’ouvrir les bières avec un briquet. Il n’y a pas d’expérience inutile ;-)

2. J’ai 5 frères et soeurs (en partie des demi), dont une soeur de 12 ans qui a un skyblog. Ca m’a permis d’apprendre pas mal de trucs ces derniers temps sur les réseaux sociaux des adolescents sur Internet. Non, vous n’aurez pas l’adresse !

3. Avant de bloguer, j’écrivais ma vie sur des carnets. J’en ai noirci une trentaine depuis l’âge de 10 ans et ça m’arrive encore parfois. Ils sont tous classés ultra-secret.

4. Chez moi, la bibliothéconomie est une vocation, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. Contrairement à beaucoup de gens qui choisissent ce métier parce qu’ils aiment lire (et ensuite sont généralement déçus), je voulais être bibliothécaire parce que j’aimais l’objet livre. Et ce métier ne m’a encore jamais déçue.

5. Par contre la confiture de figues est une découverte tardive… J’en ai mangé pour la première fois à l’âge de 22 ans (bon, c’est vrai je m’en souviens encore). J’ai choisi le nom du blog sur un coup de tête. C’est donc le blog qui a fait de moi l’experte en figue que je suis devenue : comme quoi ces petits outils nous déterminent autant que nous les déterminons.

Je lance cette patate chaude, si cela les amuse, à Got, Zid, SLP, les DCB15 (allez, une oeuvre collective, qu’est-ce qu’on ne sait pas sur votre promo ?) et pourquoi pas Culture libre s’il passe par ici.

Bonnes fêtes 2.0

Voici un nouveau site d’information pour les professionnels des bibliothèques, qui vient de sortir : Library Web. C’est tout à fait épatant, vraiment, ça faisait longtemps que j’avais pas vu un tel site. C’est "so 1.0" ! Un site d’actu sans même un petit fil RSS ! Et ce look !!!

Allez, pour vous remettre de vos émotions, vous pouvez consulter (oui, consulter, c’est le mot) la carte de voeux 2.0 d’OCLC. Toute en tags ;-)

Et pis moi ben je vous retrouve l’année prochaine !

Ithaca

Hier a été une journée particulièrement longue – oui, quand on voyage dans ce sens de la planète, ça rallonge vachement – et aujourd’hui c’était ma journée de relâche. J’en ai donc profité pour visiter une partie d’Ithaca.

Ithaca, on s’en rend compte dès qu’on arrive dans son petit aéroport familial, est une toute petite ville avec un très gros campus, celui de Cornell. Le tout se situe au bord d’un immense lac, Cayuga Lake, et il y a de belles chutes d’eau et des grands parcs un peu partout dans la région. C’est la région des "lacs des doigts", il suffit de regarder la carte pour comprendre pourquoi ils portent ce nom. C’est la première fois que je vais vraiment aux Etats-Unis et ça ressemble à ce que j’imaginais, en tout cas à une certaine vision qu’on nous en donne en particulier à la télé et dans certains films.

Ithaca falls

Le campus de Cornell est magnifique. N’ayant jamais vu d’autres campus américains, je ne peux pas comparer, mais par rapport à tous les endroits glauques que j’ai pu voir appeler « campus » dans ma vie, il n’y a même pas de comparaison. Il s’étale grassement sur une hauteur de la ville, avec des grandes pelouses et des immenses bâtiments d’un peu tous les styles (mais il y en a quand même beaucoup dans le style médiévalisant-flamboyant, je ne sais pas comment on dit) qui alternent avec des petits pavillons coquets. Il y a plein d’écureuils partout, il paraît que c’est un peu l’équivalent de nos pigeons donc eux doivent trouver cela dégueulasse, mais pour ma part, en bonne européenne, je les ai trouvés plutôt mignons. Le campus est traversé au Nord par un espèce de grand ravin au fond duquel coule une rivière qui tombe en cascade vers la ville. On peu aller au pied de la cascade, c’est très joli.

Campus de Cornell

La ville quand à elle, c’est un petit centre qui ressemble à n’importe quel petit centre ville de province de chez nous (sauf que ici tout est ouvert le dimanche). Quand on vient du campus on emprunte des rues très calmes et toutes droites avec des pavillons en bois clair, tous différents mais tous un peu pareils, et ils ont des écureuils qui courent dans le jardin, des citrouilles sous l’auvent et parfois un drapeau américain accroché contre la porte d’entrée. Toutes ces maisons silencieuses, avec le soleil et le chant des grillons (ou je ne sais quels insectes suspects du Nouveau Monde), ça avait un côté à la fois calme et inquiétant – mais j’ai peut-être trop regardé Virgin suicides. Je ne saurais pas vous dire si je suis tombée par chance sur la rue la plus typique du coin, où si tout est comme cela, mais c’était une expérience.

J’ai arrêté là mes explorations, parce qu’il fallait aussi que je récupère du décalage horaire. Mais si un jour je devais revenir par ici, j’essayerais de bénéficier d’une voiture pour aller un peu plus loin, par exemple aux chutes de Taughannock.

Malheureusement je ne peux pas vous mettre de photos pour l’instant, ayant oublié un de mes éléments essentiels de la panoplie du parfait geek en voyage, mais je les rajouterai en rentrant.

Le bon grain de l’ivraie

Chiche que j’aborde un sujet dont tout le monde parle : les folksonomies.

Avec les folksonomies en général, et le tagging en particulier, ce qui fait le plus peur aux bibliothécaires, c’est le problème de la qualité. Olivier Le Deuff dans son article décrit bien les problèmes que l’on rencontre en confiant à des utilisateurs inexpérimentés le soin d’indexer des documents.

Je vous suggère de voir comment Google aborde le problème. Un double problème, en fait :

  • on ne sait pas indexer des images et on n’a pas les ressources pour le faire,
  • les utilisateurs peuvent le faire mais ils sont stupides.

Comment contrôler le travail d’utilisateurs incompétents ? Il suffit de les pousser sur la pente glissante qui les entraîne vers le bas.

Pour preuve, ce nouveau service : Google image labeler.

Pour motiver sa communauté d’utilisateurs, Google présente le taguing sous forme de jeu : vous avez un partenaire tiré au hasard et un peu moins d’1 minute pour taguer un maximum d’images. Pour qu’une image soit taguée, il faut que vous et votre partenaire inconnu saisissiez le même tag. A chaque image taguée, vous gagnez 100 points.

Qu’est-ce qu’on gagne ? Rien, mais la rapidité et l’émulation rendent le jeu prenant et il est difficile de s’arrêter. Du coup, les utilisateurs vont taguer plein d’images, et avec des tags supposés plus pertinents puisque deux utilisateurs les ont choisis en même temps.

C’est très malin, mais à mon avis pas très efficace. En effet, on est plus tenté de « gagner » que d’être utile et efficace, donc au lieu de réfléchir à ce qui décrirait le mieux l’image, on essaye d’imaginer ce que le partenaire va trouver. Au final on aura plein d’images taggées « red », « people », « man », « map » ou « building ». Je ne sais pas si ça aidera beaucoup, mais Google nous le dira.

A part ça, chez Panlibus ils pensent aussi que Google abuse d’utiliser un nouveau terme, "label", alors que le monde entier dit "tag". Franchement.

Mind the troll

On a pu lire de nombreuses définitions du troll, certaines scientifiques, d’autres mythologiques, et même des explications très techniques. Le troll, ce fauteur de trouble qui lance volontairement des discussions polémiques sans issue sur le Web, toujours en quête de son point Godwin.

L’avantage du Figoblog en la matière est de n’être ni hébergé sur un plateforme de blogs gratuite, ni construit avec un logiciel de blogs populaire, ni enclin à aborder des sujets facilement trollables. C’est pourquoi il n’y a ici qu’un seul troll, mais un troll fidèle, apprivoisé et que je tenais à vous présenter aujourd’hui.

Mon troll apprivoisé signe avec un pseudo variable, parfois il oublie de signer mais le plus souvent, on peut le reconnaître à sa vraie adresse mail (car à quoi bon troller sans être vu).
Mon troll est à ranger dans la catégorie « amusement pur et simple » et ses activités principales (choisies dans la liste de wikipedia) sont :

  • ne jamais être d’accord sur n’importe quel type de sujet,
  • détournements de fond (détourner le fond d’un message en interprétant le sens original),
  • moquerie fraternelle et private joke.

Faut-il nourrir le troll ?
On dit souvent que le seul moyen de se débarrasser d’un troll est de ne pas le nourrir, c’est-à-dire de l’ignorer. J’avoue qu’il m’arrive parfois de répondre à mon troll quand je repère une phrase cohérente, mais c’est vrai que dès qu’il se sent un peu trop à l’aise, le troll commence à grossir, à s’exprimer avec plein de couleurs, des blinks et même des pop-up en javascript et alors il faut passer derrière pour nettoyer, ce qui est assez peu agréable.
Donc, svp, ne nourrissez pas le troll.

Mon troll se défend d’être un troll, aussi je lui propose ce test à titre d’introspection.

Au final, j’aime bien mon troll parce qu’il met de la vie, qu’il est toujours là prêt à proposer un commentaire abscons, et qu’on s’ennuierait bien sans lui.

(Clin d’oeil) Làs, je crois bien avec ce billet dénonciateur avoir agi en sycophante, moi qui serais plutôt "sycophile" ;-)