Confiture numérique

Trop tard pour structurer, je vais encore devoir tout mettre en vrac.

Je l’avais déjà signalé mais maintenant j’ai une idée de ce qu’il y a dedans : Putting content online : a practical guide for libraries, sept. 2006, par Mark Jordan de la Simon Fraser University au Canada. Plus d’infos.
Il aborde des sujets aussi intéressants que la gestion des droits, la gestion des risques, les identifiants pérennes, les métadonnées, les formats, la gestion de projet et la conservation du numérique : autant dire que je trouve cela intéressant !
Deux chapitres sont accessibles en ligne : Project management et Search and display.
Pour l’instant c’est en anglais, on peut espérer qu’ils vont le traduire en français puisque c’est des canadiens ?! Merci à Noémie pour l’info.

Quelques parutions au Digital Curation Centre :

On peut encore soumettre un poster pour leur conférence, fin novembre.

Quelques lectures concernant le projet Google print et la numérisation de masse :

Enfin, le dossier numérisation sur Bibliodoc.

La Tentation

Ce sujet a été abordé à IPRES. Et si la numérisation (et la perspective de sa conservation sur le long terme) avait un effet pervers : les décideurs pourraient penser qu’il n’est plus utile de conserver les originaux, et en profiter pour les vendre au meilleur prix afin de réinvestir dans autre chose.

La tentation de St Antoine, par Callot

Cette tentation ne paraît pas si hallucinante, quand on voit qu’à Karlsruhe des gens sont prêts à revendre les manuscrits de la bibliothèque, sans même avoir songé à les numériser d’abord !

Je trouve totalement scandaleux qu’on puisse seulement avoir l’idée de vendre ce genre de patrimoine dans une bibliothèque, quelle qu’en soit la raison (enfin, encore si c’était pour sauver des gens ou résoudre définitivement le problème de la faim dans le monde). Et il m’est tout aussi odieux de penser qu’on puisse sacrifier sur l’autel de la numérisation des originaux qui n’ont fait de mal à personne.

Quand on commence un projet de numérisation, il est essentiel de défendre dès le départ le principe d’intégrité des originaux : une intégrité qui suppose qu’on ne les détruit pas, et qu’on ne les aliène pas non plus.

Dans un environnement patrimonial, la numérisation devrait également jouer son rôle conservation préventive : la communication des originaux n’étant dès lors accordée que si elle est vraiment nécessaire (je sens que là, certains de mes lecteurs vont commencer à me détester ;-). Mais cela suppose alors de mettre au point des outils de visualisation très performants, qui vont très au-delà d’une simple copie des fonctionnalités du livre.
C’est à ça qu’on différencie(ra ?) une véritable interface de consultation de bibliothèque numérique, faite pour la lecture (et, dans le cas des manuscrits, participant au plan de conservation d’une bibliothèque patrimoniale) d’une interface de butinage dont le but est manifestement d’inciter à se procurer une version "papier" de l’original.

Tiens on dirait que ce billet m’a entraînée plus loin que je ne voulais aller au départ…

Illustration : petit clin d’oeil à Belit Seri qui comme moi apprécie cette estampe de Callot.

IPRES : Nos amis archithécaires canadiens

La conférence d’ouverture (keynote) nous a été brillamment administrée par le directeur de la Bibliothèque nationale et Archives du Canada, Ian E. Wilson. Il a eu l’occasion de nous parler, entre autres choses, de cette fusion bizarre entre deux métiers, un sujet assez à l’honneur dans la bibliothécomie française de nos jours.

Campus de Cornell

Cette convergence des métiers au Canada est le fruit d’un constat : après s’être passablement étripés pour savoir qui conserverait quoi, ils ont semble-t-il réalisé que cela n’avait aucun sens, en particulier aux yeux du public, et que dans le monde numérique, eux-mêmes commençaient à avoir du mal à expliquer la différence entre les bibliothécaires, les archivistes, et autres. Tout cela a l’air simple dit comme cela, mais je ne suis pas sûre que cela l’ait vraiment été dans les faits.

Il y avait beaucoup d’autres richesses dans cette keynote, pour ma part j’en ai retenu 3 :

  • Le renoncement. Si on place le numérique au coeur de cette nouvelle institution, on ne peut se contenter de multiplier à l’infini les activités : il convient de réfléchir à ce que l’on va arrêter de faire. Un moment difficile.
  • L’engagement. En mettant des ressources en ligne, en créant des services, nous créons aussi d’énormes coûts de maintenance pour l’avenir, sur lesquels il sera probablement impossible de revenir en arrière. En sommes-nous bien conscients ? Serons-nous capables de l’assumer ?
  • L’éthique professionnelle. Suite à une rencontre des bibliothèques francophones, il la définit en 5 points : un accès public et gratuit aux données – des partenariats non-exclusifs avec le privé – la prise en compte de la préservation à long terme – la non-altération des originaux – l’accès multilingue.

Sinon, cette intervention nous a aussi offert la blague du jour, sur les archivistes : savez-vous pourquoi un mariage entre deux archivistes a toutes les chances de réussir ? Parce que plus ils vieillissent, plus leur intérêt l’un pour l’autre augmente ;-)

L’art de la numérisation… au bout des doigts

Un nouveau bouquin vient de paraître sur la numérisation : Mark Jordan, Putting Content Online: A practical guide for libraries, Chandos Publishing, September 2006. Tout en anglais of course. Je n’ai bien entendu aucune idée de ce qu’il y a dedans, pour l’instant.

Enchaîné

Sinon, j’aime bien l’optimisme de Lorcan Dempsey : et si les "doigts" numérisés par Google avaient finalement du sens, ou du charme, c’est selon ?

L’Europe numérique (suite !)

Bon alors voilà, l’Europe numérique continue, avec la fameuse recommandation de la commission européenne aux états, qui consiste en deux injonctions majeures (je résume) :

  • numérisez et mettez en ligne !
  • conservez ce que vous avez numérisé !

C’est vrai, quoi, il fallait y penser : conserver des documents numériques ! Puisque manifestement il fallait que quelqu’un le dise pour que ce soit pris en compte, maintenant c’est fait.

Je signale aussi, via Prosper, ce numéro de revue consacré à la bibliothèque numérique européenne. J’avoue ne l’avoir pas lu.

L’Europe numérique

Ben oui, on y est, dans l’Europe numérique, et en plus, c’est la France qui le dit.

Le 11 juillet dernier (entre le coup de boule de Zidane, les feux d’artifices et la canicule, je crains que cette info ne soit passée un peu inaperçue à l’époque), la France a présenté à Luxembourg ses Propositions pour une Europe numérique.

On ne sera pas surpris d’y trouver, nichés quelques part entre la désormais célèbre fracture numérique (aïe) et la sécurité des petits enfants (oh), nos chers et bien amés bibliothèques numérique européenne et dépôt légal du Web.

Plus surprenante peut-être, l’annonce d’un musée virtuel européen ; on notera également une volonté de promouvoir les initiatives de recherche et développement dans le secteur numérique.

Preum’s !!!

Ah oui alors, je veux à tout prix être la première à annoncer la sortie du nouveau BBF spécial "Les bibliothèques sur le Web" !

Dedans, il y a un bel article de mon geek sur les blogs et les wikis.

A part ça, tout a l’air à peu près super intéressant dans ce numéro. Il y a même un article sur la BNuE et un sur le Dépôt légal du Web .

Alors voilà, demain, c’est férié, ça va nous laisser le temps de bouquiner.

Il se passe des trucs à Metz !

J’ai vécu suffisamment d’années dans la jolie ville de Metz pour avoir tous les a-priori négatifs du monde sur ce qu’il est susceptible de s’y passer. Et pourtant, je dois bien reconnaître qu’il s’y passe des trucs, y compris dans le monde des blogs, y compris en dehors de la présence de jeunes dessinatrices particulièrement talentueuses.

La bibliothèque de l’Université Paul Verlaine (de Metz, donc) a lancé son blog, qui accompagne en fait une petite revue destinée aux professionnels des bibliothèques.
Pour l’instant trois numéros sont parus :

Alors voilà, après leur avoir accordé un temps de rodage, je voulais quand même saluer cette initiative et mon collègue Jean-François, compagnon de découverte du Web au cours d’un projet qui a finalement vu le jour aussi incroyable que cela puisse paraître. Comme quoi, on a pas mal progressé depuis ;-)

L’INA m’a bluffée

J’ai attendu quelques jours avant de me connecter à la nouvelle vidéothèque numérique de l’INA… que celui dont le site Web n’a jamais été submergé ou victime d’une défaillance technique leur jette la première pierre. Voilà, donc c’était pour dire que je ne suis pas la première à en faire la remarque, mais chapeau.

Bien sûr on peut les complimenter sur l’intérêt de leurs abondantes ressources et la pertinence de leur modèle économique, mais je voudrais aller un peu plus loin que ça et les féliciter pour leur site, pour son organisation et pour leur architecture de l’information remarquable.

Quelques leçons à prendre sur le site de l’INA.

Ce qui est chouette…

D’abord dans cette catégorie je mettrais la navigation par listes. Elle n’est pas encore à facettes – on doit suivre l’arborescence préétablie – mais pour butiner la collection c’est vraiment très bien.

Mon deuxième va aux fonctionnalités de personnalisation. D’abord j’aime beaucoup la petite barre de vignettes pour récapituler la navigation sur le site, on peut trouver cela gadget mais c’est joli. Ensuite, il y a un panier pour acheter et un espace personnel pour ranger ses vidéos préférées. Et on a même envie de s’inscrire (et pourtant ce genre d’impulsion est rare chez moi).

Mon troisième va à la visualisation des documents, avec des zones spécifiques pour les fonctions d’achat, pour les fonctions de « sociabilité » (genre envoyer à un ami, qui marche pas super bien apparemment ceci dit) et une zone de rebond sur mots-clefs bien pratique, suffisamment discrète et visible à la fois.

Enfin un petit bonus pour le formulaire de recherche, conçu intelligemment dans la façon d’affiner la requête et qui possède un tri sur pertinence. Les listes de résultats sont bien aussi.

Ce qui est moins chouette…

Après on peut toujours trouver des défauts et discuter. Le graphisme est un peu minimaliste et trop statique, la chronologie est laborieuse et donne de faux espoirs (je recherche encore la vidéo de Vanessa Paradis à 5 ans dans l’Ecole des Fans :-( toute une époque). Les textes ne sont pas très lisibles et tous ces petits ascenseurs partout, ça perturbe.

Le forum truffé de remarques désobligeantes montre bien qu’il ne suffit pas de mettre un forum avec de jolies catégories et qu’il faut susciter une communauté. Je leur souhaite d’y arriver.

Enfin leur splash screen sur le site institutionnel ressemble tellement à une pub en flash pour Ikea que je l’ignorais par réflexe et il m’a fallu 3 minutes pour trouver l’entrée du site.

Enfin bon, il y en a toujours qui vont trouver les moyens de critiquer (non je n’ai pas regardé le code source et même, je m’en fous, na) mais tout ça pour dire que depuis le Louvre j’avais pas vu de site de ressources numériques publiques aussi bluffant. Et puis c’est vrai que les petits films sont vraiment sympas à regarder.

Ma table lumineuse

Pour sauvegarder des informations personnelles dans un espace numérique, on connaissait les paniers (« mettre dans le panier », un grand classique des sites qui veulent vous faire acheter quelque chose) et même parfois les caddies.

Evidemment, tout cela n’est pas très bibliothéconomique ; on a rarement vu les lecteurs parcourir les rayonnages armés d’un grand panier en osier ou d’un caddie de supermarché. Que pourrait-on inventer ? Le chariot à livres ? Le pupitre ?

A la bibliothèque numérique de l’INHA ils ont trouvé qu’il fallait que ce soit non seulement bibliothéconomique, mais encore histoire-de-l’art-esque, d’où probablement le choix du terme de "table lumineuse". Ca m’a interloquée, j’attends toujours de trouver le bouton où il y a la lumière.

Le choix du PDF pour le visualiseur, avec toutes ces fenêtres qui s’ouvrent pour un oui ou pour un non, est aussi assez décevant à mon avis – même si c’est un beau PDF avec une table de structure physique et des vignettes des pages.

A part ça il y a plein d’estampes numérisées et ça c’est chouette.