Les identifiants pérennes, mes chers identifiants, semblent revenir un peu à la mode ces derniers temps – peut-être une impression due au fait que j’ai eu l’occasion de m’y replonger profondément.
Ainsi en réécoutant les interventions du DDC workshop de juin sur ce thème, j’ai pu constater que pas mal de chemin a été fait dans la réflexion sur les identifiants et que la polémique a encore de beaux jours devant elle. Des anciennes croyances ont été pulvérisées, et de nouvelles créées.
(NB : attention la plupart des liens qui suivent pointent vers des fichiers powerpoint.)
Je dirais que la première révélation de ce workshop, c’est que la pérennité des identifiants n’a rien de technique. Il a été affirmé, répété et même proclamé haut et fort qu’aucun schème d’identifiants, qu’il s’agisse de DOI, Handle, ARK, PURL ou n’importe quoi d’autre, n’aide en quoi que ce soit à la pérennité. La pérennité n’est pas une question technique, c’est une question organisationnelle et institutionnelle, ainsi qu’une question de modèle économique et de financement. Donc si votre principal problème était de savoir quel schème choisir, faites d’emblée un trait sur la pérennité comme critère.
Face à cette assertion très généralement admise, plusieurs positions apparaissent.
Il y a ceux qui ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier, et vont s’enregistrer dans plusieurs schèmes afin de multiplier les points d’entrée.
Il y a ceux qui pensent que la solution réside dans la normalisation, et ceux qui espèrent que l’ouverture de l’enregistrement des "URI schemes" va permettre de trouver des solutions innovantes.
Il y a ceux qui pensent qu’il faut arrêter de diaboliser les URL, que ce n’est plus vrai de nos jours de dire que les URL sont des localisations, et qu’avec HTTP et les URI, on a un super système qui marche d’enfer et que pourquoi diable irait-on en changer.
Dans les autres questions de fonds qui ont été soulevées sur les identifiants pérennes des ressources numériques, je retiendrai celle de savoir ce qu’on entend par identifiant, ce qu’on entend par pérenne, et ce qu’on entend par ressource (tout le monde est d’accord sur "numérique").
Pour prendre un exemple, un identifiant comme http://www.lemonde.fr/ est tout à fait stable en terme d’URL. Pourtant son contenu change tous les jours, voire plus. Peut-on parler d’identifiant pérenne ?
Une distinction intéressante a été faite entre des ressources « abstraites », éventuellement mouvantes, et des ressources « concrètes », stables et uniques, les deux ayant besoin d’être identifiées.
Concernant la résolution, on a soulevé la question des identifiants qu’on ne voudrait pas résoudre (lire : relier à une ressource donnée dans une forme donnée), ou en tout cas pas résoudre de la façon dont on les résoud aujourd’hui.
La question de la maintenance du lien entre l’identifiant et la ressource, et même plus encore entre l’identifiant et les métadonnées, est récurrente et non résolue.
Enfin quant à la pérennité, l’idée a été affirmée que cela ne signifie pas « pour l’éternité », mais « pour suffisamment longtemps » au regard de l’intérêt de la ressource, des missions de l’institution, de l’évolution de la technologie, etc.
Et heureusement, parce que comme dirait l’autre, l’éternité c’est long, surtout vers la fin.