Mieux vaut tard que jamais ;-) je poursuis ma série de comptes-rendus de l’IFLA (ce qui me rassure c’est qu’en regardant les autres blogs la plupart n’ont pas eu beaucoup plus de temps que moi pour bloguer pendant le congrès… C’est que ça occupe, un congrès de l’IFLA…)
Un autre thème sur lequel je voudrais revenir, c’est celui des contenus générés par les utilisateurs (UGC de leur petit nom).
Comme nous avons beaucoup parlé de Web 2.0, la question du « tagging » s’est posée à différentes reprises, avec un constat un peu déprimant : les utilisateurs ne vont pas tagguer dans les catalogues de bibliothèque. Faire des listes, oui, tagguer ailleurs, peut-être, mais dans les catalogues ? peu de chances.
Un jour autour d’un verre, nous avons échangé quelques idées amusantes pour essayer d’envisager une méthode pour contrebalancer cette tendance… Par exemple un système similaire à Booking.com : quelques jours après la fin de votre séjour, on vous envoie un mail avec un questionnaire pour évaluer l’hôtel. Et si on faisait de même quand un lecteur emprunte un livre à la bibliothèque ?
Une autre idée consistait à proposer une étagère de retour de prêt qui serait compartimentée en fonction de l’intérêt du bouquin (intéressant – ennuyeux – etc.) : apparemment ça a déjà été testé, si vous avez vu ça quelque part je serais curieuse d’en avoir la référence.
Blague à part, ce qu’il faut en retenir comme toujours, c’est que si on veut générer des contributions des utilisateurs, il faut que ce soit 1. facile, 2. pertinent par rapport à leur pratique, et 3. que cela fasse partie d’un dispositif d’incitation.
Ces trois critères sont semble-t-il parfaitement remplis par l’application de correction de l’OCR de la numérisation de la presse à la Bibliothèque nationale d’Australie (voir la présentation de Pam Gatenby à l’IFLA – voir le site – voir les informations sur le projet). Et ça marche : comme quoi, on peut arriver à mobiliser les utilisateurs sur des tâches pénibles et en plus ils adorent ça ;-) Noter qu’ils diffusent le code de leur application en open source.
Face aux possibilités du Web 2.0, la question critique de l’indexation sujet a été posée (pendant la table ronde de la conférence satellite Emerging trends… à Florence) : devrait-on arrêter d’indexer de façon aussi complexe que nous le faisons aujourd’hui ? L’indexation sujet, jugée à la fois coûteuse à produire et trop complexe à utiliser, était en question.
A mon avis à l’heure actuelle prendre une décision aussi radicale est impossible, d’autant qu’on sait pertinemment que les utilisateurs veulent des accès sujets, et qu’ils ne veulent pas les créer eux-mêmes (puisqu’ils ne veulent pas tagguer dans les catalogues).
Une solution envisageable pourrait résider dans le « tagging sémantique » par des bibliothécaires : c’est-à-dire, en fait, exploiter la richesse des vocabulaires contrôlés, mais sans la contrainte de la syntaxe, et en utilisant la puissance des ontologies pour les relier et les augmenter.
C’est intéressant, mais il va falloir du temps pour mesurer toutes les implications d’une telle évolution. Elle mériterait d’être organisée, évaluée, préparée au niveau international, pour permettre une évolution concertée des données bibliographiques dans le monde, vers le Web sémantique. L’IFLA peut sûrement jouer un rôle dans ce type de changements.
Et puis, mon petit doigt me dit qu’on a pas encore imaginé toutes les possibilités qu’ouvre une initiative comme Rameau en skos en termes d’exploitation sémantique des données…
Au final, et pour en finir avec le Web 2.0 dans les bibliothèques à l’IFLA, je voudrais noter une idée que j’ai retenue des différents événements qui ont abordé cette question, en particulier la conférence satellite, la session « Social computing tools for learning and knowledge sharing » (dans laquelle j’ai particulièrement apprécié l’intervention de Moira Fraser), et la rencontre du SIG « Libraries and the Web 2.0 ». Cette idée c’est que la bibliothèque 2.0 commence avec des petites choses toutes simples : avoir un compte Twitter, un blog, communiquer par l’image et la vidéo et pas seulement par du texte, sortir du paradigme de la présentation magistrale avec powerpoint. Être 2.0, c’est un peu comme se brosser les dents après chaque repas, ou manger cinq fruits et légumes par jour : quelque chose qui doit rapidement devenir un réflexe naturel du quotidien, pas une contrainte. Sinon, c’est voué à l’échec.
J’aime bien ces petites idées toutes simples que sont l’envoi de mail pour que les gens mettent une critique du livre qu’ils ont rendu et surtout celle, toute simple, du chariot de retour permettant aux gens d’indiquer le plaisir qu’ils ont pris à lire. C’est tout bête, mais certainement efficace.
Je suis déçue, ce n’est pas Rameau en skis ? Ca glisserait peut-être tout seul…
une apprentie BAS
Oui, de bonnes pistes pour inciter les usagers à s’impliquer un peu plus ! Mais attention à l’utilisation du mail… Certaines BU, par exemple, l’exploitent déjà pour les lettres de courtoisie et de retard, voire pour signaler des événements particuliers. Bref, parfois les usagers finissent par avoir le sentiment d’être spammés.
Sinon j’aime beaucoup la conclusion de ce post :-) : « Cette idée c’est que la bibliothèque 2.0 commence avec des petites choses toutes simples… » » I have a dream… » ;-)
Ce qui est tout simple c’est que la lecture est une pratique solitaire. La fonction sociale de la littérature : très peu pour moi (et je pense pour la plupart des lecteurs) ! Les cercles de lecture sont et resterons des toujours de taille restreinte (j’allais dire médiocre). La bibliothèque ne générera ni ne gérera jamais un cercle de poètes disparus ou autre club d’amateurs d’épluchures de patates à la dimenson de son lectorat. On lit dans sa caverne profonde, dans son remugle intime. Laissons les lecteurs tranquilles! Qu’ils s’impliquent déjà dans leurs lectures ! Ou bien effectivement, contentons-nous de petites choses, bien ciblées, bien modestes…
D’accord avec l’anonyme qui me précède. Mais pourquoi voulez-vous donc faire tagger les utilisateurs alors que les bibliothécaires et documentalistes ont l’expérience et le savoir faire? Qu’est ce que c’est que cette mode ?! Que les bibliothèques fassent leur travail : accumuler les livres et donner envie de les lire! Quand on fait des recherches sur un catalogue, c’est une démarche de travail, de recherche dans laquelle on ne s’arrête pas pour batifoler. Par contre, 10 000 fois oui pour aller vers les blogs, Twitter et autre…
Bravo pour votre blog passionnant.
C’est juste que les lecteurs LISENT les livres. Eux.