L’historien, le boucher et la bibliothèque

« Bonjour, je vais prendre deux kilos de sources s’il vous plaît ! »

Ainsi l’historien de demain s’adressera-t-il à son bibliothécaire, comme si c’était son boucher, pour commander de la source qui aura été préparée spécialement pour lui dans des projets comme celui-ci ou celui-là.

Temple de Zeus

N’est-ce pas la marque d’un orgueil démesuré, que de croire que nous pouvons inventer l’histoire de demain en "créant de la source" ? Ou sommes-nous tellement désespérés par les problèmes de préservation des documents numériques que nous pensons que seuls les documents préparés exprès à cette fin arriveront jusqu’aux générations futures ?

Notre travail de passeurs consiste bien à préserver de la source pour les historiens de demain. Mais le Patrimoine, ce n’est pas une chose qu’on peut constituer de manière arbitraire ou hasardeuse. Seule la collecte ouverte, patiente, et représentative de ce tout qu’est le Web d’aujourd’hui, pourra dans le meilleur des cas servir de source aux historiens de demain.

Quand aux projets History Matters ou Time Capsule, tout ce qu’ils apprendront à ces historiens du futur, c’est que nous traversons en ce début de 21e siècle une époque obsédée par sa propre mémoire, et égarée face au passage du Temps et aux changements qu’il apporte.

Merci à Homo Numericus.

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