Le Ravin de la Désillusion

Montagnes

La première fois que j’ai vu les "Hype cycles" de Gartner, c’était en 2003 dans le rapport d’OCLC sur l’environnement des bibliothèques, un rapport dont l’objectif était de dégager de grandes tendances dans ce paysage, et qui reste encore largement d’actualité à mon avis. Déjà à l’époque, j’avais été très séduite par cette vision de l’innovation technologique, qui nous rappelle qu’après l’engouement (parfois irrationnel) suscité par tout nouveau projet, il faut affronter le Ravin de la Désillusion et remonter péniblement la Pente des Lumières avant d’atteindre enfin le doux Plateau de la Production stable.
On retrouve bien aussi, en regardant le graphe, l’idée de "surfer sur la vague", mais il ne faut pas oublier qu’après la vague il y a un creux dangereux et difficile.

Mon métier et la façon dont je travaille font que je passe mon temps à gravir le Sommet des Grandes Espérances, et même si c’est là une activité particulièrement épuisante moralement parce qu’elle se termine toujours au creux du Ravin, je dois avouer que de là-haut, on a une chouette vue sur le paysage, devant et derrière, et qu’on voit venir de très loin les technologies de demain avec tous les espoirs qu’elles portent.

D’après l’article d’Internet Actu ce sont aujourd’hui le Web 2.0 et les Folksonomies qui sont sur le Sommet, tandis que les blogs et les wikis sont déjà dans le creux de la vague.
Je ne peux m’empêcher d’éprouver un peu de frustration à l’idée que les bibliothèques semblent toujours avoir un pas de retard, surtout en France, mais je me console en me disant que leur place n’est pas en haut du Sommet mais bien sur le Plateau, là où les choses fonctionnent pour de bon et sont enfin accessibles aux vrais gens. C’est grâce au Ravin de la Désillusion, et en prouvant qu’elles peuvent lui survivre, que les technologies du Web ont une véritable chance aujourdhui de changer la face du monde.

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Une réaction sur “Le Ravin de la Désillusion

  1. Je ne sais plus si c’est Alain ou Bachelard qui dit que toute nouvelle idée est reçue en trois temps : d’abord on dit qu’elle change tout, puis on s’aperçoit qu’elle reprend en partie des idées du passé, et enfin seulement on l’accepte dans ses justes particularités.

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