Aujourd’hui, les processus itératifs de production et d’assimilation de l’information sur le Web conduisent souvent à biaiser notre perception temporelle des événements : seules les informations les plus récentes surnagent, les plus anciennes sont noyées et oubliées, ce qui fait qu’on peut facilement (et on le fait) dire tout le temps la même chose sans que ça se voie trop. C’est le principe des blogs, le mien par exemple : ça fait plus d’un an que je répète tout le temps la même chose et il y a toujours des gens pour me lire ;-)
Pour se détendre un peu, je vous propose une petite analyse de textes comparée.
- Le premier texte, c’est le compte-rendu d’une table ronde sur les métadonnées aux rencontres Biblio-fr de 1998.
- Le second, c’est un article intitulé Crunching the metadata – What Google Print really tells us about the future of books paru dans le Boston Globe en 2005.
En 1998 : Quelle définition pour les métadonnées. De façon simpliste, on pourrait dire c’est un nouvelle redéfinition du catalogage.
En 2005 : We’ve been managing book metadata basically the same way since Callimachus cataloged the 400,000 scrolls in the Alexandrian Library at the turn of the third century BC.
En 1998 : Ces données qui servent à identifier les documents et à rechercher des informations peuvent être soit créées en tant que telles a priori en accompagnement de la ressource électronique ou elles peuvent être retrouvées et combinées a posteriori par des systèmes de recherche.
En 2005 : Publishers, libraries, even readers can potentially create as many classification schemes as we want.
En 1998 : Une des composantes très importante de métadonnées est l’identifiant unique et permanent de chaque ressource. Ces identifiants qui s’appuient lorsque cela est possible sur les identifiants classiques passifs (ISSN, ISBN) doivent permettre un accès à plus long terme sur le réseau que les seuls URL actuels.
En 2005 : First, we’ll need what are known as unique identifiers-such as the call letters stamped on the spines of library books. (…) the ISBN is a good starting point
En 1998 : A partir d’informations préparées et proposées dans un format universel et révisable on peut toujours rajouter ses propres données dans le même format. C’est l’objectif de l’initiative TEI de faire un format qui soit un format d’édition, de proposition de mise en forme logique de l’information que les chercheurs peuvent utiliser eux-mêmes pour éventuellement ajouter leur propre code pour une exploitation par leur propre logiciel pour du traitement linguistique.
En 2005 : Using metadata to assemble ideas and content from multiple sources, online readers become not passive recipients of bound ideas but active librarians, reviewers, anthologists, editors, commentators, even (re)publishers.
Amusant non ? Evidemment en coupant les citations comme ça on peut faire dire aux textes ce qu’on veut. Mais l’exercice d’une façon générale se vérifie le plus souvent : le soi-disant nouveau paradigme révélé par Google print ne date pas d’hier. Il était au biberon en même temps que Google lui-même…
ce que je remarque c’est que le texte de 2005 utilise moitié moins de phrases pour dire à peu près la même chose que celui des bibliothécaires de 1998…
Ca prouve qu’on a au moins avancé sur la définition et la vulgarisation des concepts. Ouf ! Ceci dit, attention aussi à la différence anglais / français : l’énonciation peut être plus courte et plus facile en anglais.