Comme tout le monde, j’ai une image d’Epinal du Gers en partie véhiculé par le film Le bonheur est dans le pré d’Etienne Chatillez, mais je vais laisser cette partie à la spécialiste ès figues et gastronomie, pour vous faire découvrir la face cachée du Gers : des magnifiques petits villages et des monuments superbes et insoupçonnés au détour d’une route.
Il y en a tellement que les adjectifs et les mots vont me manquer pour tous les décrire sans tomber dans un catalogue de superlatifs et adopter le ton d’un guide touristique. Relevons le défi et prenons ensemble les petites routes (autoroutes et nationales interdites !) pour vous faire découvrir un coin de la France qui m’a surpris.
Alors que nous nous dirigions vers l’abbaye cistercienne de Flaran, nous sommes tombés sur la première pépite : Lavardens et son château. Reconstruit à partir de 1585 par Antoine de Roquelaure, les travaux sont restés inachevés suite à la mort de ce dernier, ce qui donne un cachet original à ce château : structure du chemin de ronde apparent, voûte construite à moitié…
Après cette agréable mise en bouche, l’abbaye de Flaran (cf photo 1) s’offrait à nous. Présentant une architecture et un plan parfaitement cisterciens, cette abbaye est une véritable merveille, même avec son dépouillement caractéristique que seules les chambres des moines refaites au XVIIe siècle viennent troubler de façon curieuse.
Pour finir notre première journée dans le Gers, nos pas nous ont menés au castelnau de Larressingle du XIIIe siècle (cf photo 2). Même s’il est surnommé la "Carcassone du Gers", Viollet-le-Duc et les touristes ne sont heureusement pas passés par là et c’est intacte que nous est parvenue cette résidence des évêques de Condom jusqu’au XVIe siècle, la plus petite cité fortifiée de France.
Après une nuit à Condom-en-Armagnac, petite ville sur la rivière Baïse (ça ne s’invente pas…), nous avons fait une entorse à notre centrisme moyen-âgeux et de la Renaissance, pour visiter la villa gallo-romaine de Séviac à Montréal-du-Gers. Fouillé depuis 40 ans, ce site offre des mosaïques magnifiquement conservées (cf photo 3) et permet de voir l’astucieux système d’hypocauste qui leur permettait de chauffer cette villa et l’eau des thermes.
Après le castelnau de la veille, c’est la bastide de Fourcès qui s’offait à nos yeux. Présentant une forme circulaire rare pour une bastide, c’est un des "plus beaux villages de France" et il mérite amplement ce titre avec son joli petit pont, son beau château et ces vieilles maisons (cf photo 4).
En reprenant la route, au détour d’un virage, la collégiale de la Romieu se dresse de toute sa hauteur de façon surprenante. Sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, cette petite commune de 590 habitants fut fondée par deux pélerins. Mais, cela n’explique pas la démesure de la collégiale dont le "donjon-clocher" mesure 33m de hauteur. En fait, c’est la fidélité d’un enfant du pays, Arnaud d’Aux, qui, devenu cardinal puis trésorier du premier pape d’Avignon, Clément V, a fait construire ce monument en 1318.
Après un passage rapide à Lectoure, notre périple dans le Gers (élargissant à la Lomagne) s’est achevé au château de Gramont qui prouve que les châteaux de la Loire ne sont les pas les seuls représentants en France du mouvement ayant conduit à la transformation des châteaux-fort en magnifique demeure dans le style de la Renaissance italienne.
C’est en Tarn-et-Garonne que se poursuit ensuite notre périple, mais c’est une autre histoire….