Alors que Google se lance dans une numérisation de masse sans précédent, décidé à faire entrer le livre dans le Web dans des proportions jusque-là inégalées, on se demande si les bibliothèques devraient trembler de peur devant ceux qui annoncent que bientôt, complètement dépassées par l’Internet, elles devront fermer leurs portes.
En ce qui concerne les américains, on peut dire qu’ils sont plutôt confiants. Cet article rapporte les résultats d’une étude qui montre au contraire que sur les cinq dernières années, l’usage d’Internet et celui des bibliothèques aux Etats-Unis ont été parfaitement complémentaires. Une population jeune, avec un niveau d’éducation élevée, tend à utiliser aussi bien les bibliothèques qu’Internet dans une démarche de recherche d’information globale.
La présidente de l’ALA citée dans cet autre article fait la même constatation sur l’augmentation de la fréquentation des bibliothèques américaines depuis l’explosion du Web.
Les bibliothèques ont donc encore de beaux jours devant elles, pour peu qu’elles se montrent capables de suivre le mouvement. Comme le suggère ce plaidoyer pour que la bibliothèque nationale canadienne numérise l’intégralité de son fonds (à condition que l’Etat fasse en sorte qu’elle puisse en avoir le droit).
Tout ceci est bel et bien, et nous laisse imaginer que les bibliothèques numériques devraient prendre un poids important dans le Web, étant donné la masse de contenu qu’elles ont déjà à leur disposition. Mais quand on lit les conclusions du dernier rapport du Pew Internet & American Life Project, qui analyse une enquête menée auprès d’experts du Web sur les tendances futures, on se dit qu’il y a du souci à se faire. Même s’il évoque une menace pesant plutôt sur les actualités et la publication dans les formes où on les connaît actuellement, ce rapport flagelle le manque de dynamisme des institutions. Et les bibliothèques y sont à peine évoquées, ce qui n’apparaît pas comme un signe très prometteur.
La question n’est sans doute pas de savoir si les bibliothèques sont ou non menacées par Internet. Mais bien plutôt de savoir quelle sera l’ampleur de la remise en cause nécessaire pour les adapter à un monde régi par d’autres règles et d’autes modèles que ceux qui ont toujours été les leurs.
Merci à Peter Scott, ShelfLife, et ResourceShelf.
(Je sais pas ce que j’ai à être aussi sérieuse ce soir, ça doit être un résidu des discussions animées du week-end ;-)