ELAG 2007 : « papers »

ELAG est un groupe européen qui rassemble des personnes intéressées par l’informatique documentaire en bibliothèque. Il se réunit tous les ans au printemps dans une ville européenne différente pour aborder des sujets d’actualité qui tournent traditionnellement beaucoup autour du SIGB. Mais, les bibliothèques étant ce qu’elles sont, la conférence s’est également ouverte ces dernières années au numérique et à la question des services offerts sur le Web, et donc cette année proposait pour thème : Libraries 2.0.

Comme dans toute conférence ELAG, il y avait trois grandes parties :

  • les « papers », conférences « plénières » à laquelle tout le monde (un peu plus de 100 personnes) assistait – c’est ce dont je vais parler ici
  • les "progress reports", ou lecture commentée des revues d’avancement envoyées par les participants sur leur institution : un exercice très formel et sans grand intérêt si vous voulez mon avis, donc je n’en dirai pas plus mais vous pouvez les consulter
  • les « workshops », des travaux en groupe qui feront l’objet d’un autre billet.

Donc voici mon compte-rendu des « papers ». La plupart des liens pointent vers les présentations au format PDF.

Ressources électroniques

Un des sujets les plus "classiques" de mon point de vue dans les conférences plénières était la question des ressources électroniques et leurs différentes déclinaisons en bibliothèque, notamment à travers le prisme de l’open access. Nous avons eu quelques présentations qui relèvent plutôt de l’état de l’art que d’autre chose, sur les archives ouvertes en Catalogne, les logiciels open source et l’usage des revues électroniques.

Dans la même veine, l’historique des 25 années d’informatisation en Catalogne reflète assez bien l’esprit d’ELAG, dont l’objectif est également de faire lumière sur la bibliothèque qui accueille la conférence.

Par contre la présentation du modèle de référence DELOS pour les bibliothèques numériques (j’en avais parlé il y a quelques temps) correspondrait au versant le plus innovant de ce thème classique.

Formats et Protocoles

Plus intéressant (toujours à mon humble et partial avis), nous avons eu des présentations plus ou moins détaillées sur l’évolution de l’environnement normatif des catalogues.

On nous a ainsi vanté l’intérêt des SOA (service-oriented architecture), qui favorisent la modularité des systèmes dans une logique orientée objet et service, au contraire de la traditionnelle logique applicative des SIGB, à travers l’exemple d’un système monté par Bibsys en Norvège.

Parmi les nouveautés à regarder de près, on nous a présenté RDA le successeur des AACR qui sont l’équivalent anglo-saxon des ISBD (pardon, je jargonne mais en gros il s’agit simplement de règles de catalogage). Les RDA voudraient principalement apporter

  • une déconnexion claire entre le contenu et le support
  • la suppression des jargons antédiluviens et des latinismes barbares (s.n., s.l., couv.ill. en coul., et al. ça vous parle à vous ?)
  • la prise en compte des FRBR, au moins au niveau de la terminologie
  • et enfin la convergence avec d’autres formats de descriptions appartenant à d’autres communtautés comme LOM pour le e-learning, ONIX pour les éditeurs ou encore, tout dernièrement, le Dublin Core.

Enfin, Herbert Van de Sompel en personne était là pour présenter ORE, le nouveau projet de l’Open Archive Initiative. Basiquement, il s’agit de promouvoir un modèle de données et un protocole qui permette non plus d’échanger seulement des métadonnées comme on le faisait avec l’OAI, mais les objets eux-mêmes ou des parties de ces objets. Pour y parvenir, on exposerait des cartes de structures qui constitueraient des représentations ("surrogates") des objets numériques et permettraient d’en réutiliser seulement des parties ou des versions données.
C’est intéressant mais assez complexe et je ne suis pas sûre que ce soit l’outil dont nous avons besoin pour résoudre le problème de l’interopérabilité des bibliothèques numériques ; l’avenir nous le dira.

Google, Amazon & Co

Nos amis du Web 2.0 étaient bien sûr les grands favoris de la compétition, et plusieurs conférences se sont intéressées à l’impact de ces outils sur les bibliothèques. Qui de discuter de l’accès à nos ressources via Google, qui d’envisager Amazon comme un concurrent ou un allié : nous ne sommes pas vraiment dans des débats très révolutionnaires. Toutefois quelques idées intéressantes sur la fourniture de documents à distance (sujet ô combien élimé, mais qu’on peut toujours renouveler par le hype technologique) ou le référencement (quoique je préfère le terme "exposure" employé par l’intervenante en anglais) méritent de retenir notre attention.

La conférence sur le knowledge management a été une de celles qui m’ont le plus plu, car en démystifiant un peu le vocabulaire et les idées reçues dans ce domaine, elle mettait le doigt sur le vrai problème : non pas celui des "bibliothèques 2.0", mais celui des "bibliothécaires 2.0". L’idée que j’en ai retenu c’est que le web 2.0 est avant tout un problème de collaboration et il faut que les bibliothécaires, et en particulier les "managers", s’investissent et montrent la voie à leurs semblables avant que cela ait une chance de marcher. Jeunes conservateurs, à vos blogs !!!

… to be continued…

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